Des experts nous parlent de façade [#2]
Maître d’œuvre :
la rénovation du bâti
Maître d’œuvre, entreprise de pose, coloriste designer, … Plusieurs métiers interviennent dans la réalisation de la façade d’un bâtiment. À travers leurs témoignages, découvrons les sujets d’actualités et spécificités de cette application.
Créée il y a un peu plus de 25 ans sur la région lyonnaise, le groupe PLENETUDE est spécialisé dans la maîtrise d’œuvre, l’économie de la construction et l’Ingénierie en région Rhône-Alpes. L’activité de l’agence PLENETUDE se concentre essentiellement sur des projets de rénovation de l’enveloppe du bâtiment. Dirigeant de l’agence locale de Lyon, Thomas Rambaud aborde les évolutions du marché.
Le Groupe PLENETUDE intervient sur le marché de la rénovation, pourriez-vous nous décrire le profil de vos clients et les types de projets traités ?
Nos clients sont avant tout des syndics de copropriété et des bailleurs sociaux. Dans une moindre mesure, il nous arrive de travailler pour des particuliers avec des projets d’extension ou de rénovation faisant intervenir des aspects techniques lourds comme des modifications de sous-œuvre par exemple sur lesquels travailleront nos ingénieurs structure.
Nous intervenons principalement sur des ouvrages résidentiels à la fois sur les façades, les toitures et sur d’autres éléments de l’enveloppe extérieure. Il nous arrive également d’opérer en intérieur sur les réseaux techniques et cages d’escalier.
Depuis peu, nous étudions des dossiers en non-résidentiel avec notre bureau d’études thermiques et fluides, notamment des projets de rénovation tertiaires visant la mise en conformité de l’ouvrage face à l’évolution des réglementations.
Vous avez été témoin au cours de vos années d’activité de certaines évolutions du marché. Pourriez-vous nous les décrire ?
Ce sont très clairement les évolutions des réglementations qui sont à l’origine des plus gros changements et nous constatons bien aujourd’hui la progression de la demande. Par le passé, la rénovation de l’enveloppe d’un ouvrage était synonyme « d’entretien du bâti », de rénovation à caractère esthétique, pour le dire autrement, un « coup de peinture ».
L’évolution du cadre réglementaire a bouleversé certains usages et certaines techniques constructives.
Prenons des sujets comme l’amiante, la sécurité incendie, les énergies renouvelables, la nature des matériaux (bio-sourcés ou non), et, bien sûr, la performance énergétique des ouvrages.
Sauf à considérer le patrimoine historique, la rénovation de l’enveloppe d’un bâtiment revêt aujourd’hui un caractère autant technique qu’esthétique. La vision d’un projet de rénovation ne se résume plus à un caractère d’entretien mais aussi à une recherche de performance et d’économies d’énergie pour l’utilisateur.
Tout cela s’est également accompagné d’une évolution politique et nous sommes témoins de la progression de la demande et des exigences des décideurs publics, comme la Métropole de Lyon pour prendre un exemple que je connais bien. À notre niveau, nous avons senti une évolution depuis environ sept ans avec des programmes d’accompagnement publics qui accordent des aides ou subventions à des projets d’éco-rénovation. Je pourrais même ajouter que cette tendance s’est accélérée depuis trois ou quatre ans, avec un rôle encore plus actif de certaines agglomérations devenant porteuses de projets.
Pour le futur, on note une tendance à mener des études encore plus en profondeur sur le bâtiment et la place que l’homme y occupe. La volonté est de ne pas se limiter uniquement aux aspects techniques de la rénovation et de mieux comprendre les interactions afin d’adopter une approche globale sur « comment vivre dans un bâtiment ? ».
Toutes ces nouvelles contraintes ont forcément obligé les acteurs de l’industrie du Bâtiment à proposer des nouvelles solutions, pouvez-vous partager votre regard sur cette évolution des matériaux ou plus généralement sur l’évolution des solutions constructives ?
Il y a encore quelques années, la solution d’isolation sous-enduit largement utilisée était le panneau de polystyrène. Depuis, des nouvelles contraintes réglementaires liées principalement à la protection incendie ont fait apparaître de nouvelles solutions comme les panneaux de laine de roche, répartis de façon partielle ou complète sur les parois traitées. La situation est assez différente en montagne où les projets de rénovation en Savoie et Haute-Savoie, pour ne citer qu’eux, réclament très souvent des solutions d’isolation par l’extérieur avec bardage rapporté. À ceci peuvent s’ajouter des demandes particulières émanant de la maîtrise d’ouvrage ou du client final, comme l’utilisation de matériaux bio-sourcés par exemple.
Pour résumer, les produits d’isolation les plus répandus sont le polystyrène, les mousses de polyuréthane, la laine de roche et la laine de bois.
Au-delà du produit d’isolation utilisé, il y a un principe fondamental à considérer dans notre métier : ce qui importe n’est pas la nature d’un élément mais la nature de la solution dans son ensemble et cette « solution globale » doit être certifiée par un Avis Technique, sésame pour l’assurance et la garantie décennale du client.
Or, aujourd’hui, une des principales difficultés est de trouver des solutions certifiées, sous avis-technique donc, répondant aux demandes du client et au type de bâtiment. Un procédé accepté et certifié en maison individuelle ne le sera pas forcément en logement collectif où l’ouvrage présente bien souvent beaucoup plus d’étages et donc une réglementation incendie différente.
Note de la rédaction
Les solutions d’isolation thermique par l’extérieur font partie du « domaine non traditionnel » du bâtiment et ne sont pas décrites dans des DTU ou des règles professionnelles. En d’autres termes, ces solutions sont encore « nouvelles ».
Si les éléments utilisés en ITE peuvent être connus et certifiés individuellement depuis longtemps, ils ne le sont pas forcément lorsqu’ils sont mis en œuvre ensemble. Il importe alors pour l’industriel de faire certifier sa solution constructive globale. Ce qui est donc testé, certifié, c’est un montage complet, un procédé détaillé dans un cadre donné et non pas un organe isolé. C’est le rôle de l’Avis Technique.