Bonjour Giorgia Hadjipanayi, pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de votre parcours et de votre activité ?

Bonjour, je suis originaire de Chypre et je suis venue en France pour effectuer mes études d’architecture. J’ai beaucoup aimé cette expérience et ne suis plus jamais repartie. Une fois diplômée, j’ai démarré ma carrière en tant que salariée dans des bureaux d’architectes puis j’ai décidé de créer ma propre société.

C’est ainsi que Creor est née à Lyon en 1997. Nous sommes spécialisés dans la maîtrise d’œuvre.

À l’origine, nous avons beaucoup travaillé sur des marchés publics en rénovation ou en construction neuve. Aujourd’hui, et depuis maintenant une quinzaine d’années, nous intervenons essentiellement sur des travaux de copropriété majoritairement en rénovation de façades, de toitures et de parties communes sur la métropole de Lyon et ses environs ainsi qu’en Ardèche, Savoie et Haute-Savoie.

En parallèle et depuis un peu plus de cinq ans, nous intervenons également sur des travaux de rénovation énergétique qui sont de plus en plus souvent à l’ordre du jour pour les copropriétés.

En matière de façades, pouvez-vous nous indiquer quelles sont les évolutions récentes que vous avez pu constater ?

La rénovation énergétique des bâtiments est un sujet omniprésent depuis quelques années. Il s’agit d’une véritable tendance de fond qui est amenée à durer.

Nous avons donc de plus en plus souvent recours à de l’isolation thermique par l’extérieur sauf sur les secteurs historiques de la ville de Lyon. En effet, dans les secteurs sauvegardés, on n’a pas d’autres possibilités que de rester sur du ravalement classique sans isolation avec parfois des rénovations utilisant des enduits à la chaux afin de respecter les demandes des Architectes des Bâtiments de France.

La tendance à l’isolation par l’extérieur est dynamisée par le dispositif Ecoréno’v mis en place par la Métropole du Grand Lyon qui propose à tous les propriétaires, en copropriété, maison individuelle ou bailleurs sociaux d’être accompagnés pour entreprendre des travaux de rénovation visant à améliorer les performances énergétiques des bâtiments. Concrètement, les propriétaires peuvent être conseillés et recevoir une aide financière pour l’audit énergétique, la maîtrise d’œuvre et la réalisation des travaux. Des bonus supplémentaires peuvent être accordés en cas de recours à des matériaux biosourcés, au réemploi de matériaux ou encore à la végétalisation.

Sur les projets de rénovation, quelles sont les tendances au niveau des finitions en façade ?

Sur la ville de Lyon, on est souvent limité par l’avis des architectes des Bâtiments de France lorsque la rénovation se situe dans un secteur classé. La ville de Lyon dispose d’une « Commission Façades » qui émet des avis sur l’architecture des bâtiments avec des préconisations sur le type d’enduit à utiliser et parfois même l’imposition d’une couleur ou d’une finition à la chaux. J’ai d’ailleurs participé à l’élaboration de la « Charte lyonnaise du ravalement » qui définit 10 à 12 typologies de traitements différents.

Par exemple, je travaille actuellement sur un immeuble pour lequel la Commission Façades a émis un avis avec une préconisation sur une architecture assez marquée avec des bandes filantes horizontales. Sur ce dossier, on nous demande de restituer ces bandes horizontales. Dans ce cas de figure, typiquement, il n’aurait pas été possible d’opter pour un bardage.

Parlez-nous des choix de matériaux dans des zones géographiques où vous avez plus de latitude.

En dehors du centre de Lyon, sur les villes alentours, on a de la flexibilité au niveau du choix de la finition et on pourra envisager aussi bien une finition enduite qu’un bardage. Lorsque la contrainte budgétaire est très forte, on va préférer un enduit.

En dehors de la considération économique, la priorité va se situer au niveau de la pérennité de l’aspect des matériaux et aussi de leur résistance aux chocs et aux impacts.

Sur les parties basses on essaie systématiquement de mettre en œuvre des bardages résistants.

Concernant le bardage, on va être particulièrement vigilant sur la durabilité de l’aspect.
Il existe un vaste choix de finitions de bardage, toutefois, on a tous eu de plus ou moins bonnes expériences avec certains produits qui, avec le temps, ont vu leur finition se délaver ou encore se décoller. Il s’agit là d’un véritable point de vigilance car les solutions que l’on va proposer, une fois mises en place, devront durer 20 à 30 ans.

Pour ma part, en bardage, je ne m’oriente que vers des solutions teintées dans la masse plutôt que vers des produits à la finition plaquée. Et si l’on est sur une finition enduite, je suis vigilante à la saturation de la teinte pour m’assurer qu’elle reste stable et ne réagisse pas mal aux UV au fil du temps.

La mise en œuvre d’un système a t-elle une forte incidence sur vos préconisations ?

Oui bien sûr ! Notre rôle est de préconiser des solutions dont la mise en œuvre est maîtrisée par les entreprises. Si l’entreprise connait « son sujet » et a du recul sur l’utilisation d’un système, elle proposera des prix intéressants, les coûts seront maîtrisés et les risques minimisés. Tout ceci est prioritaire dans le cas de rénovations de copropriétés. Il est possible d’innover, mais les propositions ne passent pas toujours, il faut que l’on soit confiant dans le fait que l’entreprise va savoir gérer la mise en œuvre et que l’on va bénéficier d’un accompagnement très solide de la part des fabricants.

Avez-vous un exemple récent d’une réalisation sur laquelle vous avez utilisé un système que vous ne connaissiez pas ?

Oui, je travaille actuellement sur la rénovation énergétique d’une copropriété située à Vaux-en-Velin sur laquelle nous avons préconisé pour la première fois le système Aquapanel Outdoor^®* de Knauf.

Comme cela est fréquemment le cas, l’accompagnement technique apporté par le fabricant est primordial. Sur ce projet, on a commencé à travailler ensemble dès la phase d’étude pour voir comment pouvaient être traités tous les détails techniques. Il était indispensable que je comprenne exactement comment le système se met en oeuvre afin de pouvoir le décrire correctement et le plus précisément possible pour que les entreprises puissent ensuite répondre avec un prix lui-même précis.

Ce chantier est très technique avec énormément de petits détails à définir. On a pris le temps nécessaire pour réaliser un prototype qui permette de toucher à tous les points singuliers. On a également essayé d’anticiper les problèmes avec le bureau de contrôle pour éviter tous les désordres qui pourraient se présenter par la suite.

* Aquapanel^® Outdoor est une plaque de ciment, armée sur chaque face par un treillis de fibres de verre traité contre les alcalis, particulièrement appropriée pour la réalisation de bardages, plafonds, soffites et autres applications extérieures, en tant que support de finition.